détail de "Bacchante" (1894) de William Bouguereau (1825-1905), collection particulière.
 
	(source: Art Renewal Center )
	Pendant que nous parlons, le temps jaloux a fui. Cueille donc le jour présent, sans trop te fier au lendemain.
 
	"Carpe diem" !... peut-être tout ce qui reste de la grandiose œuvre d'Horace dans la mémoire collective de cette foule qu'il n'appréciait guère... Et certainement la phrase qui, de tout ce 
	qui nous reste de la sagesse antique, a été la plus galvaudée. Ronsard l'a utilisée dans son célèbre "Sonnet à Hélène" (Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain; / 
	Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie." ) et tant d'autres après lui  dans le sens restrictif d'une morale épicurienne ordinaire. C'est réduire la formule à une invitation à 
	une jouissance libertine au jour le jour. La pensée d'Horace est plus profonde, c'est la réflexion d'un homme sans illusions; si le jour est la seule unité de temps raisonnable à prendre en 
	considération c'est que les dieux ont interdit aux hommes tout accès à une connaissance plus lointaine. C'est donc beaucoup plus du point de vue d'une réflexion sur le tragique et la fragilité 
	de la condition humaine qu'il faut envisager le précepte.
	
	L'ode I, 11 d'Horace, plus connue sous le nom d'Ode à Leuconoé, est avant tout une œuvre d'art absolue où le poète, en huit vers seulement, crée un monde qu'on n'a jamais fini d'explorer.
	Lectures multiples, sens cachés, vocabulaire à double sens, l'ode est rebelle à toute interprétation définitive et reste profondément insaisissable. 
 
	J'ai tenté dans le texte de donner un peu de vie à cette Leuconoé de papier dont le nom, étymologiquement, signifie "esprit candide" et que j'ai voulue plus naturelle que naïve, plus spontanée que 
	crédule. L'alliance harmonieuse d'une sorte d'amante idéale et d'une personnalisation de la plus haute poésie...
	 
	
D.E.
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