Sur Lalagé

d'après l'Ode II, 5 d'Horace

       

SON encolure n'a pas encore la force de supporter le poids du joug, elle ne peut pas encore fournir sa part de travail, ni soutenir le taureau se précipitant pour l'accouplement.

Ta génisse n'a en tête que les verdoyantes prairies. Selon sa fantaisie, elle va maintenant chercher à atténuer une chaleur écrasante dans le courant du fleuve ou jouer avec les veaux dans la saulaie humide.

Chasse de ton esprit ce désir de raisin vert. Bientôt l'automne bigarré nuancera pour toi les grappes gris-bleu de tous les tons de pourpre. Bientôt c'est elle qui te poursuivra, car, dans sa course impitoyable, le temps indompté lui ajoutera les années qu'il t'aura retirées.

Bientôt, par son attitude effrontée, Lalagé recherchera l'amant, et elle sera aimée; bien plus que l'inconstante Pholoé ; bien plus que Chloris dont la blanche épaule a le même éclat qu'une lune claire sur une mer nocturne ; bien plus encore que Gygès le Cnidien qui, si tu le plaçais au milieu d'un chœur de jeunes filles, tromperait de façon surprenante les hôtes les plus perspicaces, tant, par ses cheveux dénoués et son visage ambigu, est rendue équivoque sa nature.

(Traduit et adapté du latin par Denys Eissart)

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