Autour de ...
Sacrifice atlante

Tableau

Détail de "Rêve d'architecte" (1840) de Thomas Cole (1801-1848), tableau exposé au Museum of Art, Toledo, Ohio (U.S.A.)
 
(source: Web Gallery of Art)

Épigraphe

C'est la fin du Critias. Platon, après avoir décrit la brillante civilisation des Atlantes, suspend son récit au moment où Zeus veut "leur appliquer un châtiment afin de les faire réfléchir et de les ramener à plus de modération". À cet effet, il réunit tous les dieux, et le texte du philosophe se termine sur cette phrase inachevée: "Et les ayant rassemblés, il dit... ". Quelle frustration ! Texte perdu ? Texte volontairement inachevé ? Toutes les hypothèses ont dû être émises sur ce texte fondateur d'un mythe qui a traversé les siècles. Mais devant cet inachèvement comment ne pas être tenté ?...
 

Autour du texte

Le texte s'inspire librement du Critias dans une optique résolument "atlantophile", si l'on veut bien me permettre ce néologisme. Avancer, même sur la pointe des pieds, la possibilité de l'existence passée de l'Atlantide est généralement l'occasion de sarcasmes nourris dans la plupart des cénacles bien-pensants. Tant pis ! Dans le cadre d'un texte littéraire on peut se passer de l'approbation des mandarins...
 
En complément, voici un texte qui résume assez bien l'idée que je me fais d'une Atlantide "vraisemblable". Il date de l'époque où je créais le site "L'épopée atlante" et où j'avais besoin d'avoir un cadre suffisamment strict pour ne pas trop déraper vers le "mystérieux inconnu"...

Un scénario pour l'Atlantide ?

Ce texte n'est pas autre chose qu'une "histoire". Une "histoire"... une simple histoire... Fiction ? Réalité ? Patchwork de vérités et de mensonges ? Est-ce vraiment important de le savoir ?...
 
Il y a environ 20.000 ans, une peuplade "paléo-indienne" habitant la zone connue de nos jours sous le nom de Méso-Amérique, se trouvant dans des conditions favorables, accéda à la civilisation. (hypothèse de départ pas plus invraisemblable que celle soutenue par les historiens officiels, et ne demandant rien de plus que des conditions climatiques permettant de s'affranchir d'une perpéruelle recherche alimentaire, libérant ainsi l'esprit pour d'autres expérimentations...)
 
Pendant plusieurs millénaires, cette civilisation se développa, s'étendit au fil des conquêtes jusqu'à former un empire composé d'une fédération de dix royaumes. Peut-être pour des raisons de sécurité, cet empire installa-t-il sa capitale dans une île des Caraïbes, peut-être est-ce (plutôt) dans cette île même que ce peuple trouva les conditions favorables pour développer sa civilisation.
 
C'est cette capitale que l'on nomme parfois Poséidopolis (par commodité et par tradition, ce n'était évidemment pas son nom qui nous sera certainement inconnu à jamais.) et c'est cet empire que nous désignons sous le nom d'Atlantide (même remarque que précédemment !...).
 
La date d'épanouissement de cet empire se situe il y a environ 12.000 ans. Vers cette date, l'Atlantide est une civilisation structurée, bien organisée politiquement, religieusement et économiquement. Sa puissance économique vient alors essentiellement des productions locales. Son niveau de développement est celui que peut atteindre n'importe quelle société humaine en l'espace d'environ 8000 ans si des conditions favorables font que des hommes ressentent la nécessité de s'organiser et si aucun événement majeur ne vient troubler cette évolution. Ce niveau est à peu près celui qu'avait atteint l'Empire Romain à son apogée .
 
Comme tout empire, celui-ci devint un jour quelque peu "impérialiste" et chercha à étendre encore plus son territoire. Ce ne furent peut-être pas les terres américaines restantes qui furent visées par cette expansion: l'Amérique du nord, au Pléistocène est largement recouverte de glaces et le reste est trop froid pour cette civilisation tropicale. Ni l'Amérique du sud: Amazonie impénétrable et inexploitable avec les moyens de l'époque, Andes trop escarpées ou "tenues" par une civilisation concurrente (Tiwanaku ?). Ce fut l'Europe (et aussi le nord de l'Afrique) qui furent les principales conquêtes des Atlantes.
 
Cette expansion européenne et nord-africaine (disons méditerranéenne, au moins en partie) fut rendue possible par l'importance et le trajet du Gulf Stream et des différents courants aériens de l'Atlantique nord à l'époque. Peut-être des épaves dérivantes parvenues de ces contrées avaient-elles fait comprendre aux Atlantes l'existence d'autres hommes au-delà des mers et leur avaient suggéré la possibilité d'y aller ?
 
Après certainement plusieurs échecs et quelques améliorations techniques à leurs bateaux, les Atlantes purent prendre pied dans "l'Ancien Monde" aux environs du détroit de Gibraltar. Ils y fondèrent (aux environs de l'actuelle Cadix ?) leur premier comptoir dont le nom nous a été conservé : Tartessos.
 
A partir de là, ils lancèrent diverses expéditions pour reconnaître, "civiliser" et exploiter ce qui devenait ipso-facto leurs colonies.
 
Ils arrivèrent à conquérir l'Europe "jusqu'à la Tyrrénie" et l'Afrique du nord (la Libye) "jusqu'à l'Egypte". On peut logiquement supposer que leur armée était forte, bien équipée et bien organisée. A cette époque de plus grande extension correspond également une plus grande puissance économique encore .
 
Ils s'opposèrent cependant à un peuple pré-héllénique (Pélasges ?) ayant également développé une civilisation puissante qui vivait sur le territoire de l'actuelle Grèce et les terres avoisinantes.
 
L'Atlantide ayant décidé de finir de conquérir le bassin méditerranéen, et d'envahir le territoire des Pélasges (Grèce, Turquie et Egypte actuelles principalement) , une grande guerre s'ensuivit dont les Pélasges sortirent vainqueurs. Dans l'élan de la victoire, tous les territoires conquis par les Atlantes furent "libérés" et les Atlantes "rejetés à la mer".
 
Mais les Pélasges ne profitèrent guère de leur victoire puisque elle fut presque contemporaine d'un cataclysme provoqué par la chute d'un astéroïde ou d'une comète, ce qui entraîna raz de marée, réveil du volcanisme, tremblements de terre etc... De tels événements avaient malheureusement déjà eu lieu dans le passé. La chute du corps céleste ayant eu lieu dans l'Atlantique nord, la capitale atlante, située sur une île et au niveau de la mer fut rasée. Mais la vague géante engendrée par la chute de la météorite ou de la comète fit plusieurs fois le tour de la Terre et raya de la carte de nombreux autres peuples. La production d'une énorme quantité de vapeur d'eau causa de gigantesques orages qui amorcèrent la déglaciation en modifiant l'albedo de la Terre ce qui entraîna un réchauffement planétaire.
 
La déglaciation fit remonter le niveau des océans de 80 à 120 mètres, causant ainsi la disparition de ce qui avait été épargné par les premiers effets de l'impact. Le souvenir de ces différents éléments restera dans l'esprit des survivants comme "le Déluge".
 
La terre atlante, complètement balayée (aucune trace n'en a encore été retrouvée), sera pour des millénaires la "Terre des Morts".
 
Les seuls survivants atlantes seront des guerriers, des commerçants, des administrateurs établis dans les lointaines colonies européennes. Ils cherchèrent vraisemblablement à se regrouper pour former des embryons de société civilisée. Leurs connaissances "supérieures" par rapport aux peuplades préhistoriques qu'ils côtoyaient en firent dans l'esprit de ces derniers des "dieux" dispensateurs de la civilisation. (Déjà vers -300 l'écrivain grec Evhémère pensait que les dieux de la mythologie avaient une origine bien humaine...)
 
Peut-être y eut-il finalement un regroupement des Atlantes survivants en Mésopotamie et/ou en Egypte, régions qui jouissaient alors d'un climat leur rappelant leur territoire d'origine. Leurs connaissances furent mises au service du redémarrage de la civilisation un peu partout. Les Atlantes n'apportant pas la civilisation "toute faite" mais servant de "catalyseur" à ce qui était peut-être déjà en germe. (Par exemple, entre bien d'autres: un très ancien mythe mésopotamien expliquait le progrès par l'intervention d'une série de Sept Héros civilisateurs successifs, insignes "techniciens" -ou "Sages"- et qui, eux-mêmes instruits par le dieu Enki / Éa, créateur de l'homme et de la culture, avaient diffusé dans le pays toutes les connaissances nécessaires et utiles à la vie.)
 
De génération en génération, les descendants des premiers Atlantes ressentirent le "mal du pays" et, malgré les craintes qu'inspiraient les immensités océaniques à cette génération qui n'avait connu que la Méditerranée, vers -1000 peut-être, ils cherchèrent à retourner dans leur patrie qu'ils localisaient fort bien grâce aux cartes conservées pieusement depuis les premières générations. (La célèbre carte de Piri Reis a peut-être été recopiée sur une de ces cartes...)
 
Progressant d'abord timidement, ils retrouvèrent la vieille route maritime de leurs ancêtres et abordèrent aux côtes de Méso-Amérique. Ils ne trouvèrent aucun reste de leur ancienne civilisation et ne purent que continuer ici leur œuvre civilisatrice envers des populations nouvellement arrivées sur leur ancien territoire. Le souvenir de cette "expédition civilisatrice" se retrouve dans les mythes de Viracocha et de Quetzalcoatl.
 
Puis, découragés (ou chassés par certains auxquels ils enlevaient une part de puissance), ils repartirent vers leur nouveau foyer méditerranéen.
 
Il est possible qu'ils disparurent au cours de leur voyage retour.
 
Alors, lassés de les attendre, ceux qui étaient restés s'installèrent définitivement dans "l'Ancien Monde" chassant l'idée d'un impossible retour, ils s'organisèrent en une sorte de société secrète afin de transmettre à des "initiés" leurs bribes de savoir anéanti, quelques éléments de leur sagesse abolie et quelques souvenirs de la grandeur passée de leur civilisation. ...
 
Au fil des générations et des unions "extérieures" ils finirent par disparaître totalement (peut-être vers -500 ?) absorbés par la société dans laquelle ils vivaient.
 
Toutefois le souvenir de leur brillante civilisation resta vivant suffisamment longtemps pour attirer l'attention de Platon et à sa suite de nombreux écrivains subjugués par le souffle épique et poétique de cette aventure. (Et c'est certainement en Égypte que Platon a été initié lui-même au savoir traditionnel sur la sagesse et la nature humaine et c'est à Héliopolis qu'il a connaissance de l'histoire de l'Atlantide auprès des deux maîtres qu'on lui prête et qui ont nom Chonouphis et Sechnouphis.)

Après plusieurs années de recherches, j'avoue très honnêtement n'avoir toujours aucune certitude sur l'existence et/ou la localisation du continent fabuleux. Mais la quête n'a-t-elle pas toujours été plus exaltante que la découverte ?...

D.E.

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